Dossier

UN PATRIMOINE PEU CONNU
LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES
DES MOLASSES DU CASTRAIS

HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

BARTONIEN SUPERIEUR (EOCENE MOYEN)

par Philippe Fauré

 

INTRODUCTION

Les molasses des environs de Castres et de Lautrec ont fourni à la fin du XXe siècle une quantité considérable de fossiles de vertébrés, essentiellement des mammifères, mais aussi des reptiles parmi lesquels de nombreux crocodiliens et chéloniens (tortues).
Ces faunes, représentatives de la biodiversité de l’étage Bartonien, font des couches qui affleurent dans les environs de Castres, une référence incontournable pour les paléontologues, en Europe.

Une trentaine d’espèces différentes de mammifères a été identifiée, dix d’entre elles étaient nouvelles, l'une a permis la définition du nouveau sous-genre Frantzenitherium. La faune compte aussi trois crocodiliens dont l’un était une espèce nouvelle et, au moins quatre espèces différentes de chéloniens, toutes nouvelles, l’une permettant la définition du genre nouveau Allaeochelys.

Les découvertes les plus nombreuses se sont échelonnées entre les années 1850 à 1868, année notamment des travaux de percement de la voie ferrée Castres – Albi qui ont permis l’essentiel des découvertes du Lautrécois. Ces fossiles proviennent d’une quarantaine de géosites actuellement difficiles à repérer.
Depuis, malgré l’importance des travaux autour de la ville de Castres (percement de la rocade de Castres, fondations d’habitations sur les collines de Sicardens, de La Verdarié, de La Fosse), aucune nouvelle découverte d’importance n’est venue récemment enrichir les faunes du Tertiaire du Castrais et c’est dans les collections, en particulier la collection Noulet du musée de Toulouse, que ce patrimoine « ex situ » est régulièrement visité et sa paléontologie régulièrement réactualisée.

 

La plaine du Castrais vue des hauteurs de la Montagne Noire, au Sud. Au premier plan, les monts de Saix. Au fond, la "Crête ludienne" et Lautrec. A droite, les environs de Castres

Malgré son importance connue et reconnue depuis plus d'un siècle, la "faune du Castrais" n'a fait l'objet d'aucune étude synthétique récente. Pour établir la liste des espèces du Castrais, il faut, en effet, dépouiller de nombreuses publications, souvent consacrées à un sujet principal fort éloigné. Le besoin d'une révision d'ensemble de cette faune s'impose d'autant plus que, ses gisements, pourtant connus depuis plus longtemps, ont été supplantés, au titre de localité de référence, par des gisements mieux étudiés, tel ceux de Robiac dans le Gard. Le Bartonien du Sud du Tarn a pourtant fourni quinze espèces nouvelles (valides), dont les spécimens-type proviennent des gisements des alentours de Castres et de Lautrec.

Toutes les découvertes proviennent d’une vaste région mollassique qui s’étend entre la Montagne noire, au Sud, les reliefs du Massif de l’Agout et du Sidobre à l’Est, et le relief en cuesta, fréquemment nommé la "Crête ludienne", qui barre la plaine du castrais à l’Ouest, de Saint-Félix-de-Lauragais à Lautrec et à Réalmont.

Carte géologique synthétique du Bassin de Castres (Tarn). Légende : 1 – socle paléozoïque : a – schistes, b – granite et gneiss ; 2 – Eocène : molasses et calcaires : a - surface de discordance post-hercynienne surmontée par les Argiles à graviers, b – calcaires des causses de Castres, de Labruguière et d'Escoussens, c - niveau-repère des Calcaires de Cuq et Vielmur ; d - niveaux calcaires et gréseux de la fin de l'Eocène correspondant la "Crête ludienne" ; 3 – Oligocène : Molasses du Tolosan.


Stratigraphiquement, ces dépôts correspondent à la Molasse de Saix et de Lautrec, anciennement connue sous le terme de "Molasses du Castrais", formation de 300 m d’épaisseur, environ, intercalée entre les calcaires lacustres du Causse de Castres, les Calcaires de Castres et de Labruguière, et un niveau carbonaté, discontinu et de faible épaisseur, qui lui fournit cependant une limite supérieure très nette, le Calcaire de Cuq-les-Vielmur – Ronel. Cet ensemble forme une masse sédimentaire très monotone, difficilement divisible, en l’absence de niveau repère, constituée d’une succession rythmique de marne, de sable, de barres gréseuses ou conglomératiques et, plus rarement, de lits discontinus de calcaire palustre.

D’après les fossiles de vertébrés, l’âge de cette formation recouvre à peu près toute la durée de l’étage Bartonien (de - 40 à - 38 millions d'années).

Carte géologique de la région de Castres. Extrait de la carte géologique de Montpellier au 1/250 000e.
Les formations molassiques bartoniennes à vertébrés sont notées e6
Le Calcaire de Castres et de Labruguière lutétien est noté e5C


suivant. l'âge des formations. Historique

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